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Timide ou phobique ?

Au-delà de la fameuse réplique de Jean-Paul Sartre dans sa pièce Huis Clos, la phobie sociale, c’est une peur intense de se retrouver dans des situations où on est confronté au regard des autres.

Attention, ce n’est pas juste de la timidité ou du trac quand on doit parler en public. Dans le trac ou la timidité, on se sent mal à l’aise dans une situation donnée, mais petit à petit, le malaise, l’angoisse diminuent. Dans la phobie sociale, l’angoisse ne diminue pas, au contraire elle peut même augmenter. Pour la personne qui souffre de phobie sociale, l’angoisse est tellement forte qu’elle finit par éviter de plus en plus les situations qui lui posent problème. D’où la grande difficulté à venir en consultation et/ou à demander de l’aide.

 

« Imaginez que vous vous sentez seul(e), que vous voulez vous intégrer. A chaque fois que la possibilité se présente vous y pensez, vous retournez la situation dans votre tête encore et encore, vous envisagez malgré vous tous les scénarios les plus noirs. Le moment venu vous voulez participer, mais vous vous êtes mis la pression. Vous avez une terrible peur en vous, qui vous tenaille le ventre, comme une main invisible qui prend un malin plaisir à vous tordre les tripes, vous empêchant d’avancer, vous paralysant, faisant monter toujours plus cette inexorable terreur phobique et dévastatrice en vous. Vous ne voulez plus ressentir cette insupportable frayeur, vous ne voulez plus vous sentir mal, alors vous vous retirez peu à peu de la vie sociale. »

Extrait du témoignage d’une étudiante consultante des Happsy Hours

Où ? Quand ? Quoi ?

Les situations qui concernent la phobie ne sont pas les mêmes pour tout le monde, mais ce qui revient de manière générale, c’est le fait que la personne se sente soumise au jugement des autres ou a peur d’avoir des réactions gênantes face aux autres.

Par exemple :

  • peur de rougir en présence d’une autre personne
  • peur de transpirer en public
  • peur de parler/manger/boire en public
  • crainte de ne pas être à la hauteur
  • peur de décevoir
  • peur d’être au centre de l’attention
  • peur de parler à des inconnus
  • difficulté à regarder quelqu’un dans les yeux
  • peur d’être vu en train de payer, écrire, lire, etc.
  • peur d’entrer dans une pièce où tout le monde est déjà assis
  • peur de prendre la parole en public
  • peur de faire quelque chose de ridicule, de se rendre ridicule en public

Et on pourrait trouver plein d’autres exemples !

La phobie sociale peut concerner une situation en particulier ou plusieurs situations. Ce qui alimente la peur, c’est les pensées qui y sont associées. Ce sont des pensées « déformées » dans le sens où elles ne sont pas adaptées à la réalité ou excessives, par exemple « tout le monde va penser que je suis nul(le) ». Comme on est envahi par ces pensées, on n’est plus dans le moment présent, ce qui amène des fois à agir de manière inadaptée (par exemple, répondre « à côté » car on n’a pas vraiment écouté la question), ce qui confirme à la longue le sentiment d’être « nul(le) ».

On est tous amené à se trouver dans des situations sociales qui nous font peur. C’est, en quelque sorte, notre « alarme émotionnelle » qui s’active. Dans la phobie sociale, c’est cette « alarme émotionnelle » qui est déréglée et provoque de la panique (transpiration, esprit brouillé, cœur qui bat la chamade, etc.).

 

« Vous aviez des rêves, des projets, vous devez les réaliser. Les questions se bousculent dans votre tête. Vous ne comprenez pas. Pourquoi cela vous arrive à vous et pas à un autre ? Etes-vous plus faible que les autres ? Etes-vous fou (folle) ? La réponse est non. Non, vous n’êtes pas fou(folle), ni timbré(e) ou cinglé(e). Vous n’êtes pas non plus faible. Votre corps réagit à des situations passées qui l’ont profondément marqué, il vous dit stop, vous demande du repos.»

Extrait du témoignage d’une étudiante consultante des Happsy Hours

Ça se soigne docteur ?

Bien sûr !

« Quand cela vous atteint, vous avez l’impression de toucher le fond. Vous êtes en plein dans vos études mais vous ne pouvez plus aller en cours ni aux examens. C’est dur, mais une chose est sûre, ce n’est pas grave. Ce qui compte c’est vous et votre santé, votre santé passe avant vos études. Guérissez-vous et vous aurez tout le loisir de bosser comme un(e) acharné(e) une fois que vous serez guéri(e). Heureusement, des organismes, des médecins, des psychologues sont là pour vous aider. »

Extrait du témoignage d’une étudiante consultante des Happsy Hours

 

L’approche la plus reconnue aujourd’hui pour soigner les phobies est la thérapie cognitivo-comportementale, mais il en existe d’autres.

Les thérapies cognitivo-comportementales font appel à plusieurs méthodes :

  • la « restructuration cognitive » : on examine les pensées qui sont à l’origine de cette phobie pour les remplacer par des pensées plus aidantes
  • la « désensibilisation systématique » : on apprend des techniques de relaxation pour pouvoir les utiliser dans la ou les situations source d’angoisse
  • l’ « exposition » qui consiste à affronter petit à petit les situations qui nous posent problème. Avec l’aide du professionnel, on établit une liste des situations difficiles, de la moins pire à la « pire des pires», et on s’y confronte progressivement.

L’étudiante qui nous propose son témoignage nous parle de ces différentes méthodes :

« 1. Quand on tombe c’est pour mieux se relever » dit-on. La première étape est celle de l’acceptation. Le phobique est trop exigeant et acerbe avec lui-même. Il doit s’accepter et relativiser de ses erreurs. Il doit apprendre à voir ses qualités, et s’accepter pour pouvoir accepter le regard de l’autre. [Restructuration cognitive]

2. La respiration. Savoir respirer correctement est très important pour réussir à maîtriser une crise de panique, pour pouvoir retrouver son calme. Fermer les yeux, faire le vide dans sa tête ou imaginer un lieu paisible, et respirer, profondément. Inspirer, expirer. [Désensibilisation systématique]

3. L’exposition aux situations redoutées. Cette démarche doit se faire progressivement. Il faut persévérer, essayer de se contrôler et ne pas fuir la situation au risque que votre cerveau enregistre la situation comme étant dangereuse. C’est une phase fastidieuse, il faut positiver, être fier de ce que l’on a accompli. » [Exposition]

Extrait du témoignage d’une étudiante consultante des Happsy Hours

Une des choses que l‘on apprend en thérapie cognitivo-comportementale, c’est que le fait d’éviter une situation nous amène à l’éviter de plus en plus. Pourquoi ? Parce que c’est la seule solution que l’on a trouvée pour faire diminuer l’angoisse et que ça marche, alors on la répète. Mais il en existe d’autres !

Quelle que soit la méthode, et même si c’est d’autant plus difficile quand on est phobique social, il est important de consulter un professionnel. Ce type de trouble se soigne très bien mais ne disparaît pas tout seul.

Tu peux prendre rendez-vous avec Apsytude, ou contacter un psychologue ou psychiatre.

  • Stéphanie Boudard dit :

    Très intéressant cet article :-)
    J’étais très très angoissée quand j’étais étudiante, surtout pendant la période des examens… je bossais jusqu’à 6 h du mat en pensant que je ne savais rien, peur de la page blanche (crise d’angoisse, pleurs, incompréhension de mes parents qui ne savaient pas trop comment gérer la situation et qui donnaient des conseils qui me stressaient encore plus)!!!! Ca aurait été cool de vous rencontrer à ce moment là… ;-)
    Maintenant ça va mieux :-)
    En tout cas bravo pour votre merveilleux travail avec les étudiants…
    Stéphanie.