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Tu as vécu, il y a longtemps ou récemment, un évènement particulièrement douloureux et « traumatisant » ? Tu as l’impression de constamment revivre la scène, tu évites les situations qui pourraient te rappeler ce que tu as vécu et tu es devenu très (voire trop) vigilant ?
Tu souffres peut-être d’un « Etat de Stress Post-Traumatique » (ESPT). Le psychologue Sylvain GOUJARD, spécialisé dans la gestion du traumatisme, en parle lors d’une interview.
S. Goujard

Qu’appelle-t-on « Etat de Stress Post-Traumatique » ?

C’est un terme qui renvoie à une expérience de vie. Une expérience particulièrement violente qui nous est imposée. Notre vie a été mise en danger, ou nous avons été témoins de cette menace pour un autre. Une expérience tellement bouleversante pour notre psychisme, qu’elle va être à l’origine d’un trouble psychologique grave. Cette expérience va nous hanter, c’est un cauchemar éveillé qui va parasiter notre vie, un souvenir du passé qui fait sans cesse irruption dans le présent.

Quels sont les signes de l’ESPT ?

Nous retrouvons principalement trois grands types de symptômes possibles :

  • Les reviviscences : les souvenirs traumatiques, d’une agression, d’un accident, par exemple, refont surface involontairement. Ils s’imposent à nous, parfois le jour, parfois la nuit et s’accompagnent d’émotions négatives puissantes.
  • Les évitements : nous faisons des efforts colossaux pour ne pas nous exposer à tout ce qui peut réactiver nos souvenirs ou émotions.
  • L’hyper-activation neurovégétative : sous les effets des hormones liés aux émotions du traumatisme, nous sommes sur le qui-vive, nous sursautons par exemple. Nous sommes dans un état d’alerte comme s’il allait arriver quelque chose de grave.

Quelle est la durée des symptômes ?

On parle d’un état de stress post-traumatique quand les symptômes sont présents depuis plusieurs semaines. La durée de cet état dépend de beaucoup de facteurs. Mais nous pouvons affirmer que plus le traumatisme est rapidement pris en charge cliniquement, moins les symptômes ont le temps de s’installer.

Est-il possible de présenter un état de stress post-traumatique longtemps après l’événement ?

Parfois, le trouble ne se déclare pas immédiatement après un événement critique. C’est ce que l’on appelle un trauma à « survenue différée ». J’ai rencontré de très nombreux patients dont le trauma s’était déclaré plusieurs années après les faits.

Quand faut-il s’inquiéter ?

Dès le début des symptômes ! Il ne faut pas attendre pour consulter. Même si tous les symptômes ne sont pas présents, il faut vite rencontrer un psychologue ou un psychiatre spécialisé en psycho-traumatologie.

Plus la thérapie est précoce, plus le trouble de stress post-traumatique est facile à traiter. C’est comme une infection, il faut faire vite, sinon on s’expose à des complications. Pour le trauma, c’est la même chose. Si rien n’est fait, des complications apparaissent : addiction, troubles cognitifs (attention, vigilance, etc.), agressivité, conduites à risque, isolement social, etc.

Que conseillez-vous à quelqu’un qui se reconnaît dans ces signes ?

De consulter ! Le plus vite possible. On constate que les victimes de traumatisme mettent parfois plusieurs années à être mises en relation avec un spécialiste du trauma. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) et la Haute Autorité de Santé (HAS) recommandent de débuter rapidement une TCC-CT (Thérapie Cognitive et Comportementale Centrée sur le Trauma).

Est-ce que cela peut empêcher un étudiant de réussir ses études ? Comment ?

Notre mémoire et nos pensées étant perturbées par le trouble, l’échec dans les études est un risque qui se profile. Comment apprendre avec un tel niveau de stress et d’angoisse ? Comment réussir avec la fatigue qui en découle, les troubles du sommeil, de la concentration et de la vigilance ? Pas facile ! Il incombe à chacun des lecteurs qui se retrouverait, même partiellement, dans ces symptômes, de se dire qu’il doit faire face au problème avec les bons outils. L’isolement, l’alcool ou le cannabis ne seront pas une aide.

Aller consulter un psychologue ou un psychiatre spécialisé n’est certes pas une démarche facile, surtout pour évoquer avec lui ce que l’on cherche à chasser de notre tête, cependant, c’est le bon réflexe. Il vous permettra de mettre le pied dans la démarche de soins et vous offrir des perspectives de vie avec ce souvenir traumatique géré. Pas oublié, juste géré. Notre mémoire n’oublie pas les événements critiques, mais elle peut apprendre à ne pas laisser le passé contaminer le présent et le futur.

Il est très important de consulter un professionnel pour traiter ce problème. Sylvain Goujard évoque les thérapies cognitivo-comportementales pour la gestion du traumatisme. L’EMDR est aussi une méthode reconnue dans le traitement de l’état de stress post-traumatique.

Les psychologues des Happsy Hours et de l’Happsy Line peuvent faire le point avec toi alors prends rendez-vous.

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